lundi 21 février 2005

Dieudonné et J.F. Kahn : même combat ?

L'art d'un idéologue, dissimulé sous les oripeaux d'un journaliste, est d'argumenter ses opinions sans que son lecteur n'y voit embrouille. Jean François Kahn -c'est de lui qu'il s'agit- lors d'une libre opinion publiée dans l'hebdomadaire Marianne de cette semaine nous ''instruit'' de « La double défaite des antiracistes » dont il ressent les effets désastreux sur la société française. Si le titre éloquent de cette opinion nous invite impérativement à rechercher dans le texte les ''réussites'' de ce camp nauséeux, sa lecture interpellera, jusqu'au dégoût, ceux qui croyait encore que -pour ce journaleux- le Français de confession juive, représenté par le Crif, est un Français à part entière.

Il est de bon ton de condamner, actuellement, ''l'humoriste'' Dieudonné, et -notamment- de stigmatiser les « (.) 5.000 personnes entassées dans la grande salle du Zénith ( qui ) ont fait une standing ovation à des propos répétitivement et ouvertement antisémites (.) ». Propos tenus, rappelons le, à la fin du mois de décembre et qui, faute d'une condamnation unanime et judiciaire, deviennent -effectivement- les stigmates d'une véritable défaite pour la démocratie française.

Mais s'il est de bon goût d'hurler avec d'aucuns contre ce clown qui ne fait plus rire personne ( ou presque ), le reste de « l'opinion » de J.F. Kahn est une véritable insulte à l'intelligence.

En effet ! La deuxième « défaite du camp antiraciste » recensée par ce dernier, ne serait autre que le dîner annuel du Crif, au cours duquel « on assista à cette scène inouïe : le président du Crif taillant en pièces la politique étrangère de la France (rendue responsable de l'antisémitisme ) et les 16 ministres courbant honteusement leur tête vers leur assiette. Ce jour là, donc, un incroyable renfort fut apporté à l'immonde rhétorique de Dieudonné (.) » (sic).

Ce que tout un chacun pourra résumer parfaitement par le slogan simplificateur suivant : « Dieudo et Cukierman : même combat ». A savoir, le ''succès'' des thèses antisémites.

Si la liberté d'expression permet beaucoup, et notamment la critique de l'interpellation de Roger Cukierman, on peut légitimement s'interroger sur la finalité d'une telle chronique.

Aurait elle pour objectif d'interdire à l'avenir toute dénonciation de politiques qui ne seraient pas conformes à l'esprit et aux valeurs des membres du Crif ?

Aurait elle pour objectif d'intimider ses mêmes membres en les désignant à la vindicte populaire comme responsables de la montée de l'antisémitisme et, donc, du chaos régnant alors ?

Aurait elle pour objectif d'imposer le choix des futurs présidents de l'organe exécutif du Crif et, ainsi, imposer le silence à ces Juifs qui se veulent représentés par un individu qui soit tout autre que « l'imbécile » que le subconscient de ce ''journaliste'' souhaite ?

Aurait elle pour objectif d'affirmer que les Juifs Français n'ont nul droit à s'organiser en association politique parce que ne réunissant pas, automatiquement, sur son nom la totalité de ceux se revendiquant du judaïsme ?

Ces quelques interrogations -parmi d'autres- qui apostrophent tout démocrate, se retrouvent dans « l'opinion » de cet idéologue dont on connaît son emphase à l'encontre de ceux qui supportent, mordicus, Georges W. Bush et Ariel Sharon dans leur combat contre l'obscurité idéologique tenue par les bruns verts rouges.

S'il n'est qu'une seule défaite à recenser dans le combat que revendiquent fièrement les soutiens de Roger Cukierman -a savoir la quasi totalité des Juifs Français- elle sera celle qui permet à de tel scribouillard d'encombrer un peu plus la réflexion des associations de lutte contre l'antisémitisme et le racisme, souvent crées et dirigées par des Juifs victimes, alors, d'une politique arbitraire et dangereuse pour leur bien être, mais aussi celui des autres.

Combat dont on peut assurer, maintenant, que Jean François Kahn n'est nullement partie prenante.

Aucun commentaire: